Les personnes vivant dans une situation de précarité sont susceptibles de développer un large éventail de problèmes médicaux et les atteintes cutanées sont très fréquentes. Nous présentons quatre situations cliniques de problèmes cutanés fréquemment retrouvés au sein des populations précaires. Leurs diagnostic et prise en charge précoces sont essentiels pour en prévenir l’ultérieure dissémination dans des contextes de promiscuité.

Les benzodiazépines sont associées au risque de maladie d’Alzheimer. Le dosage et la substitution systématiques en vitamine D n’ont pas de place en postménopause immédiate. Les placebos topiques mettent certains antalgiques au défi lors de gonarthrose. Une chimiothérapie palliative n’améliore pas la qualité de la fin de vie. Des seuils transfusionnels plus restrictifs n’entraînent pas de risque pour les patients. Une spirométrie devrait toujours être effectuée avant d’initier un traitement bronchodilatateur au long cours. Les médecins continuent de trop prescrire des antibiotiques lors d’infections des voies respiratoires supérieures. Le Pap test pourrait être remplacé par une PCR urinaire détectant le papillomavirus. Sans augmenter les coûts, un tri téléphonique par le médecin de premier recours permet de réduire le nombre de consultations.

Les conflits actuels dans certaines régions du monde engendrent des flux migratoires majeurs. Par conséquent, certaines infections ayant pratiquement disparu en Europe refont surface. Cette recrudescence d’infections est liée à l’épidémiologie du pays d’origine du migrant, mais également à l’épidémiologie des pays traversés durant la migration. Les conditions d’hygiène, souvent précaires durant le périple, favorisent leur transmission. Ainsi, par exemple, des cas de fièvre récurrente à poux, des diphtéries et des infections cutanées à Staphylococcus aureus, producteur de la toxine de Panton-Valentine, émergent ou augmentent en Europe et en Suisse depuis 2014.

Le défaut de logement stable est fortement lié à la pauvreté et à des causes structurelles. Les sans-abri constituent une population croissante dans les pays occidentaux, diverse dans son degré de précarité et d’accès au logement, de plus en plus jeune et multigénérationnelle. Leur santé est fortement influencée par les conditions de vie précaires et leur accès aux soins souvent mal adaptés aux besoins. Cet article passe en revue les données épidémiologiques et cliniques récentes et présente des stratégies innovantes de prise en charge globale susceptibles d’apporter des bénéfices à l’échelle de l’individu, du système de santé et de la société.